"Revenu de Référence"
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Chapitre 18
Adaptations Futures du Système
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Chapitre 18 : Adaptations Futures du Système
18.1 Ajustements selon la croissance, la démographie, la technologie
18.2 Interaction avec l’automatisation et la robotique (chômage technologique)
18.3 Possibilité de moduler les montants selon des facteurs objectifs
18.4 Vers un nouveau paradigme de l’État-providence ?
Chapitre 18 : Adaptations Futures du Système
Le système du salaire de référence, conçu pour indemniser les citoyens face à l’incertitude politique, n’est pas une structure figée. Au contraire, sa pérennité et son efficacité dépendront de sa capacité à évoluer avec le temps, à s’ajuster aux changements économiques, démographiques, technologiques et sociaux. Ce dispositif, né d’une réflexion sur la responsabilité publique et la stabilité macroéconomique, devra trouver de nouvelles formes d’adaptation, que ce soit en modulant les montants, en prenant en compte les effets de l’automatisation, ou en s’inscrivant dans un paradigme plus large de l’État-providence repensé. En somme, le salaire de référence, pour rester pertinent, devra se révéler flexible, dynamique et ouvert aux transformations futures.
18.1 Ajustements selon la croissance, la démographie, la technologie
L’une des premières variables susceptibles d’affecter le système est le niveau de croissance économique. Si l’économie accélère, génère plus de richesses, le salaire de référence pourrait être ajusté. On pourrait l’augmenter légèrement pour redistribuer une part de la prospérité ou, au contraire, éviter qu’il ne devienne trop confortable et dissuade de travailler. Inversement, en période de récession ou de choc économique majeur, un ajustement à la hausse permettrait de maintenir le pouvoir d’achat minimal, stabilisant la demande. Ces variations, prévues par des formules prédéfinies, garantiraient que le dispositif ne soit pas un mécanisme rigide, mais un stabilisateur plus sophistiqué qu’un simple plancher immuable.
La démographie aura également un rôle. Si la population vieillit, la charge pesant sur le système pourrait augmenter, exigeant une réflexion sur le financement, la création et la destruction monétaire, ou le montant relatif accordé à chaque classe d’âge. Le salaire de référence pourrait, par exemple, être légèrement modulé selon la composition démographique, sans renoncer à l’universalité, mais en intégrant des indicateurs de longévité ou de rapport actif/inactif. De même, si la population jeune se raréfie, comment préserver un niveau cohérent de redistribution ?
Enfin, les évolutions technologiques influent sur la structure de l’économie et de l’emploi. Le système pourrait donc intégrer des indicateurs liés à l’innovation, au progrès productif, afin d’adapter le salaire de référence en conséquence. Par exemple, si la productivité globale augmente grâce à la robotique, la création monétaire nécessaire pourrait diminuer, ou le montant pourrait refléter la part croissante de richesse produite sans intervention humaine.
18.2 Interaction avec l’automatisation et la robotique (chômage technologique)
L’automatisation et la robotique suscitent le débat sur le chômage technologique. Si des secteurs entiers se voient remplacés par des machines, et que le travail humain se raréfie, le salaire de référence pourrait jouer un rôle crucial. Il deviendrait un instrument permettant aux individus de traverser des périodes de transition, d’acquérir de nouvelles compétences, de se former à d’autres métiers ou d’investir du temps dans des activités non lucratives mais socialement utiles.
À terme, si l’automatisation rend une partie du travail humain obsolète, ce salaire, assurant une stabilité de revenu, éviterait une explosion des inégalités entre les propriétaires des technologies et la majorité des gens privés d’emploi. On peut donc imaginer que le système, initialement pensé pour compenser l’incertitude politique, se double d’une fonction d’adaptation face à l’incertitude technologique.
Cette perspective rejoint les débats sur le revenu universel face à l’automatisation. Le salaire de référence n’est pas identique, mais pourrait glisser vers une logique où, outre la compensation du risque politique, il absorbe aussi le choc des mutations technologiques. Il se positionnerait alors comme un stabilisateur multi-dimensionnel, s’adaptant aux aléas du travail, des politiques et de l’innovation.
18.3 Possibilité de moduler les montants selon des facteurs objectifs
La flexibilité est une clé. Plutôt que de verser un montant identique en toute circonstance, il serait possible de moduler le salaire de référence selon des facteurs objectifs, définis à l’avance. Par exemple, si l’inflation dépasse un certain seuil, le salaire pourrait être automatiquement augmenté pour maintenir le pouvoir d’achat, ou au contraire réduit si l’on craint une surchauffe. De même, si le taux de chômage franchit une barre critique, le montant s’ajusterait à la hausse, stabilisant la demande interne.
Ce type de régulation automatique, rappelant les stabilisateurs budgétaires traditionnels, renforcerait le rôle du salaire de référence comme outil macroéconomique. Les citoyens, informés de ces règles, sauraient que le montant évolue en fonction de critères transparents et prévisibles. Cela éviterait la politisation excessive des ajustements, réduirait l’incertitude sur les décisions et apaiserait les craintes d’arbitraire.
On pourrait même imaginer intégrer des facteurs environnementaux, par exemple en modulant le montant selon la disponibilité de ressources critiques, ou selon des indicateurs de bien-être au sens large, afin d’aligner le revenu sur des objectifs écologiques ou sociétaux. Cette extension reste spéculative, mais témoigne de la plasticité potentielle du système.
18.4 Vers un nouveau paradigme de l’État-providence ?
Au fil du temps, si le salaire de référence tient ses promesses et fait preuve d’adaptabilité, il pourrait réorienter profondément le paradigme de l’État-providence. Historiquement, l’État-providence s’est construit sur des principes de redistribution par l’impôt, de prestations sociales ciblées, de sécurités sociales conditionnées (chômage, retraites, santé). Le salaire de référence, en assurant un minimum inconditionnel, déplace le centre de gravité de ce dispositif.
D’un côté, cela pourrait simplifier certains volets de l’intervention sociale. Les aides conditionnelles, complexes, lourdes à administrer, seraient en partie remplacées par ce socle universel, rendant moins pressant le besoin de prestations fragmentées. D’un autre côté, l’État-providence n’en disparaitrait pas, car le salaire de référence n’est pas censé couvrir tous les besoins complexes (handicap, longue maladie, situations spécifiques). Il deviendrait le premier étage d’une fusée à plusieurs étages, où le second continue d’exister pour les problématiques singulières. Ainsi, le système social deviendrait plus lisible, plus cohérent, moins anxiogène.
Ce nouveau paradigme implique aussi une redéfinition du contrat social, plus dynamique, plus lucide. Le citoyen accepte les décisions politiques, sachant qu’elles sont incertaines, mais reçoit en échange une protection contre leurs effets nocifs. L’État, loin d’abdiquer, endosse une responsabilité morale plus nette, compensant la population pour un risque structurel. Dans cette évolution, la place de l’individu dans la communauté s’en trouve modifiée. Au lieu d’être un assisté occasionnel, il est reconnu comme un titulaire permanent de droits monétaires, non pas sans contrepartie, mais au titre de sa participation implicite à un destin commun.
En résumé, l’avenir du salaire de référence passe par une capacité d’adaptation à long terme. Face aux changements économiques, démographiques, technologiques, le dispositif pourrait affiner ses mécanismes, se connecter aux enjeux de l’automatisation, moduler ses paramètres selon des indicateurs objectifs, et aboutir à une reformulation profonde de l’État-providence. Plutôt qu’un système figé, il doit être pensé comme un processus évolutif, ajustable à la conjoncture, aux connaissances empiriques accumulées, aux critiques et aux ajustements institutionnels.
À terme, si la société accepte cette mutation, le salaire de référence pourrait constituer un élément stable et souple à la fois, offrant un horizon nouveau dans l’organisation de la solidarité, du développement socio-économique et de la gestion collective de l’incertitude. Les adaptations futures seront la preuve de sa vitalité, car un système inapte à évoluer est condamné à péricliter. Ici, au contraire, la flexibilité, la réactivité et la réflexivité forment le cœur de la réussite à long terme.
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